Anohni - Hopelessness : « Un disque électronique aux dents acérées »
Le disque, éminemment politique et un brin romantique, est un réquisitoire contre les dérives de l’Amérique : usage abusif des drones de combat, production à outrance et réchauffement climatique, patriarcat, peine de mort… Naomi Campbell n’est sans doute pas la seule à verser des larmes à l’écoute de ce disque.
L’album s’ouvre avec « Drone Bomb Me », morceau aussi terrible que magnifique. Il se poursuit avec « 4 Degrees », protest song écolo qui fait écho à la COP21. Thème récurrent du disque, l’impact néfaste de l’homme sur la biodiversité refait surface sur les titres « Why Did You Separate Me from the Earth? », « Hopelessness » et « Marrow ». Sur « Watch Me », Anohni se lance dans un flirt empreint d’ironie avec ce « Big Brother » qu’elle nomme « Daddy », et fait rimer surveillance de masse avec suspicion généralisée. Loin de l’ode au président sortant, « Obama » fait le procès du chef d’état américain dans une atmosphère sonore asphyxiante, chassée par quelques douces notes de piano en fin de morceau. Les drones de guerre sont une nouvelle fois la cible d’Anohni sur « Crisis ». « Marrow » clôt le disque avec légèreté et amertume.
À n’en pas douter, Anohni signe là l’un des albums de l’année. Les productions des deux pointures de la musique électronique que sont Hudson Mohawke et Oneohtrix Point Never subliment le chant percutant de l’ex voix d’Antony and The Johnsons. Le résultat en studio est poignant et devrait l’être tout autant, sinon plus, en live !
Sur la scène de Days Off le 4 juillet prochain, Anohni sera accompagnée par Oneohtrix Point Never et Chris Elms, musicien-ingénieur du son suédois ayant notamment collaboré avec Björk.